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Because you like the long read version of me

Tito,

Je t’écris ce mail tôt dans la soirée, un verre de vin à ma gauche, accompagné d’une cigarette. Je le finis tard, une pomme entamée devant moi. Une tisane a remplacé le vin. La soirée a commencé comme celle d’un écrivain solitaire. Elle finit comme une femme qui attend ton retour.

Avec envie. Avec amour. Sans projection dans le futur : en ton absence et au vu des derniers événements, je t’attends pour définir ce que nous voulons ensemble. Je projette juste que je vais être en manque de vacances la deuxième partie de l’année car après le Portugal il ne me restera que 15j de vacances ! Et je ne suis pas contre inviter ton collègue et sa femme, et plus largement d’aller vers une relation libre pendant quelques mois.

Pendant que je t’écris, «I’m coming home» tourne en repeat, comme de temps en temps depuis que tu es parti. I’m coming home. It seems rather soon now.

Je suis alternativement remplie d’énergie et de fatigue, mais si je regarde en arrière, je me rends compte que j’ai fait plein de choses depuis la fausse couche et depuis que tu es parti : faire le deuil déjà. C’était bien que tu sois éloigné finalement, je ne pouvais plus que compter sur moi pour me réparer et c’était bien que je redécouvre que j’avais la ressource nécessaire. Puis dans les choses faites il y a eu : m’occuper des murs de la chambre, reprendre le sport, regarder pour la cuisine, bosser sur des trucs sympas au boulot, sortir bien plus qu’avant, aller au ciné, étudier, postuler après avoir refait mon CV. Quand tu rentreras, je veux garder une vie aussi active. Me lever dès que le réveil sonne. Voir beaucoup de soleil. Pouvoir passer des jours à manger ce que je veux en discutant directement avec le frigo, sans préparation, parce que tout compris, ça prend juste cinq minutes. Ca, c’est pour les choses qui ont changé et que je veux garder quand tu rentreras. Je veux des petits-déj sur la plage ensemble aussi, quand tu rentreras :)

A chaque fois que tu pars, mon écosystème change beaucoup. Je me demande toujours comment te refaire une place au milieu de tout ça quand tu rentres. Et là en deux mois j’ai changé. La vie a changé depuis fin 2021. Elle parait à la fois plus remplie de possibles. Plus incertaine aussi, avec la vie en Ukraine. Avec toi elle parait plus stable. Plus tranquille, moins incertaine. Je suis très surprise, admirative aussi, de ton choix de rester quand tu as su que j’étais enceinte (même si tu n’as pas été très gentil avec le foetus les 4 premiers jours ;-) ) alors que c’est quelque chose qui te faisait si peur. J’avais peur aussi, mais je me sentais si proche de toi que mes inquiétudes disparaissaient. Enfin tu le sais déjà, c'est juste que j'y repense parfois, toujours avec surprise et en étant impressionnée.

Depuis la fin du mois de décembre dans mes changements, j’ai aussi découvert que je veillais naturellement à ta santé, à ton bien-être. Je veillais déjà à ce que personne ne te tape dessus quand tu disais «ta gueule» à un inconnu mais c’est une dimension différente maintenant. C’est plus large. Ce besoin d’assurer ta sécurité physique et mentale provient bien sûr de l’amour que j’ai pour toi, mais aussi de ce couple que nous avons formé et qui se préparait à accueillir un enfant. Peut-être qu’avoir eu ton ADN dans mon sang m’a rendue un peu dragon et que maintenant je me sens entitled à veiller à tes arrières ! Je pense à moi comme étant ta femme, pas comme étant simplement ta copine. C’est nouveau pour moi, c’est bizarre. Contradictoire. Cool aussi.

Tu auras sans doute aussi changé quand tu rentreras. La pression que tu as eue, le regard de tes clients, de tes supérieurs, de tes collègues : tout cela va influencer tes semaines à venir, peut-être tes choix de carrières. La période qui arrive promet d’être intéressante. Entre tes changements et les miens... on va jouer à Tetris. Et pas que sexuellement, Monsieur.

Malgré toutes ces questions que je me pose, sur comment ce sera, sur quel équilibre nous allons recréer, choisir, je n’ai qu’une envie : que tu rentres.

Actuellement j’ai envie de faire l’amour avec toi entre 0 à 150 fois par jour. Les journées où j’y pense 150 fois sont vraiment fatigantes ! Je n’ai pas touché un homme depuis ton départ, et même si on parle de CNC sex, je crois que j’aurais surtout besoin de prendre quelques minutes pour te laisser rentrer - à nouveau - dans mon intimité. Ce n’est donc pas seulement une blague quand je te dis de m’embrasser avec douceur à l’aéroport, c’est important pour moi. Vraiment important. Si tu te jettes sur ma bouche, j’aurais l’impression que tu me voles parce que je n’ai pas le temps de te donner. Laisse moi le temps, quand on se retrouvera, de te donner. Tu prendras ensuite.

J’imagine ton corps nu contre le mien. Je veux retrouver ta douceur, ta chaleur, ton animalité. Tout. Je te veux toi entier. Jusqu’au bout. Entièrement. Complètement. Je veux tout de toi. Je veux tout de nous. Le meilleur.

Je t’aime.



Views: 84, posted on: 2022-04-03